OTAN : le Canada atteint finalement la cible de 2% du PIB en défense… juste avant une hausse à 5%
Texte de Philippe Sauro Cinq-Mars
Alors que le spectre d’un conflit généralisé en Europe se précise et que les États-Unis haussent le ton au sein de l’OTAN, le Canada semble, pour la première fois depuis des décennies, prendre au sérieux ses engagements militaires. Le nouveau premier ministre Mark Carney a annoncé, à la surprise générale, que le pays atteindrait cette année la cible de 2 % du PIB consacrée à la défense — une première depuis 1990. Mais dans une alliance en pleine transformation, cette annonce risque déjà d’être insuffisante.
Un revirement historique pour Ottawa
Le 9 juin, Mike Blanchfield de Politico rapportait que Carney s’apprête à clore des décennies de tergiversations canadiennes en matière de défense. Lors d’une conférence de presse précédant le sommet du G7, le premier ministre a promis de respecter dès 2025 l’objectif de 2 % du PIB consacré aux dépenses militaires, devançant de cinq ans la cible de sa propre campagne électorale.
L’annonce marque une rupture nette avec la posture antérieure de Justin Trudeau, qui, selon des documents révélés par le Pentagon leaks en 2023, aurait assuré aux alliés que le Canada ne comptait jamais atteindre ce seuil. Carney, de son côté, justifie ce virage par un monde « plus dangereux » et une Amérique « moins protectrice », soulignant que « si nous ne sommes pas à la table, nous serons au menu ».
Dans les pages de CTV News, Andrea Jerrett et Sean Mott relaient l’annonce d’une injection immédiate de 9 milliards de dollars pour atteindre la cible dès cette année. Le gouvernement entend aussi accélérer encore cet effort dans les années à venir, bien qu’aucun budget n’ait été déposé, ce qui suscite le scepticisme de plusieurs observateurs, dont l’ancien ministre conservateur Peter MacKay. Ce dernier se dit « prudemment optimiste », mais souligne que sans recrutement et réformes concrètes, « ce ne sont encore que des mots ».
Une cible qui pourrait devenir obsolète… en juin
Or, même cette avancée pourrait rapidement être reléguée au rang de demi-mesure. Comme le rapporte Katy Scholes de Sky News, l’ambassadeur américain à l’OTAN, Matthew Whitaker, a affirmé sans détour que « 5 % » du PIB en dépenses de défense et de sécurité constituera désormais le seuil de base exigé par Washington.
La proposition américaine, soutenue par […]