Lisée, Cotton et l’affaire Robert : symptôme d’un naufrage idéologique de la science officielle
Texte de Philippe Sauro Cinq-Mars
Dans un long texte publié sur Facebook, Jean-François Lisée a livré une réplique détaillée aux attaques de la psychiatre Marie-Ève Cotton à son endroit, dans le sillage de la démission forcée de Jocelyne Robert de l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ). Ce nouvel affrontement illustre un phénomène beaucoup plus large : la perte d’indépendance de la recherche scientifique dans certains domaines hautement idéologisés, et la dérive militante de plusieurs ordres professionnels, universités et institutions publiques. Bien loin d’être un cas isolé, l’affaire Cotton-Lisée s’inscrit dans une série d’épisodes où la science, instrumentalisée, devient l’alibi de l’intimidation idéologique.
Un faux consensus imposé par la force
Marie-Ève Cotton reproche à Jocelyne Robert — et par extension à Lisée — de rejeter le « consensus scientifique » sur la transidentité. Or, comme le rappelle l’ancien chef péquiste, ce consensus est tout sauf unanime. Depuis 2020, les modèles d’« affirmation de genre » promus par la World Professional Association for Transgender Health (WPATH) ont été remis en question, voire rejetés, par les autorités sanitaires officielles de pays comme la Suède, la Finlande, la Norvège, le Danemark, la France, le Royaume-Uni et l’Australie. Ces revirements s’appuient sur des rapports rigoureux, pointant les incertitudes méthodologiques, les risques médicaux irréversibles, et le manque de données probantes sur les bienfaits de traitements hormonaux et chirurgicaux chez les mineurs.
La fuite des WPATH Files en 2023 est venue renforcer ces critiques : on y découvre que les recommandations de l’association étaient fondées sur des bases empiriques contestables, et que certains de ses membres étaient conscients de cette fragilité, tout en choisissant de taire ou d’exclure des études allant à l’encontre de leur position. En refusant de reconnaître l’existence de ce débat international pourtant très documenté, Dre Cotton et l’OPSQ ne défendent pas un consensus scientifique, mais un dogme.
L’affaire Robert : une inquisition moderne
Ce que Lisée dénonce avec force, c’est l’inquisition dont Jocelyne Robert a été victime. Une pionnière de la sexologie au Québec, sommé de suivre une formation imposée sur une « théorie trans », sans droit à un débat contradictoire, et poussée à la démission pour avoir osé exprimer un doute. Le climat de peur instauré par cette orthodoxie militante rend impossible tout examen rationnel ou critique. Ce sont pourtant les principes fondamentaux de la science — doute méthodique, débat ouvert, vérifiabilité — qui sont ici sacrifiés.
Il est à noter que les mécanismes de plaintes des ordres professionnels sont de plus en plus utilisés comme instruments de censure, souvent à sens unique. Lisée rappelle lui-même que Dre Cotton n’a reçu qu’un simple avertissement pour l’avoir publiquement accusé de souffrir d’« insécurité personnelle » et de nécessiter une thérapie — un jugement psychologique non sollicité, formulé sans évaluation clinique, en violation manifeste du code de déontologie médicale. Imaginons un instant le tollé si la situation avait été inversée.
Une dérive bien plus vaste : science, censure et militantisme
L’affaire Cotton-Robert n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs années, on assiste à une politisation inquiétante de certains domaines scientifiques, en particulier là où les conclusions attendues servent des causes idéologiques.
Jordan Peterson a été menacé de perdre son droit d’exercice par le Collège des psychologues de l’Ontario pour des propos jugés « non professionnels »… tenus sur Twitter. Le problème? Ces propos n’avaient rien à voir avec l’exercice de sa profession, mais concernaient ses positions critiques sur les politiques progressistes du gouvernement canadien. C’est moins une question d’éthique professionnelle que de police idéologique.
Pendant la pandémie de COVID-19, plusieurs chercheurs ont connu le même sort. Le professeur Patrick Provost, de l’Université Laval, a été suspendu pour avoir soulevé des questions sur la balance bénéfice-risque de la vaccination chez les enfants. Aux États-Unis, le professeur Jay Bhattacharya de Stanford a été placé sur liste noire par les services gouvernementaux, tandis que Didier Raoult en France a été diabolisé et radié en partie pour avoir contredit les recommandations officielles. Ces scientifiques n’ont pas nié la science : ils ont voulu en faire.
Aujourd’hui, même la science climatique n’échappe pas à ce glissement idéologique. Le tout récent Global Catastrophic Risk Assessment publié par le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis — sous administration Biden — affirme que les changements climatiques ne constituent ni un risque existentiel, ni une menace de catastrophe planétaire. Il conclut que les alarmes actuelles relèvent moins de l’évaluation objective des données que de visions militantes imprégnées de subjectivité morale. Ce constat va frontalement à l’encontre du discours dominant. Pourtant, les conclusions sont sans équivoque.
Autre exemple frappant : la Fondation David Suzuki a récemment été accusée d’avoir utilisé une image trompeuse, vieille de 20 ans, pour illustrer les « ravages » du gaz naturel dans une campagne de financement. L’idéologie a-t-elle désormais préséance sur la rigueur scientifique jusque dans les appels de fonds?
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