Les villes en mènent-elles trop large en matière de politiques climatiques?
Texte de Philippe Sauro Cinq-Mars
Le premier Sommet Québec Capitale Climat, qui s’est tenu cette semaine au Château Laurier, a donné lieu à une pluie d’annonces et d’engagements verts de la part des institutions publiques et parapubliques de la capitale nationale. Université Laval, CHU, Port de Québec, CIUSSS, Ville de Québec : tous ont rivalisé de promesses pour verdir leurs activités, réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ou verdir leur image.
Mais derrière l’effervescence apparente et l’unanimisme de façade, un malaise grandit : celui d’un pouvoir municipal de plus en plus activiste, qui pousse des politiques de transition climatique ambitieuses — voire radicales — sans réel mandat démocratique pour ce faire.
Une transition sans vote
Le maire de Québec, Bruno Marchand, agit comme s’il avait reçu un plébiscite populaire pour restructurer la ville autour de l’idéologie de la décarbonation et de la lutte au changement climatique. Or, son élection s’est jouée « sur la fesse » dans une course fragmentée, sans que la question du tramway — devenu son cheval de bataille — n’ait été tranchée clairement par les électeurs.
Il aime répéter que « la population a voté pour le tramway », alors que cette affirmation repose davantage sur son interprétation que sur un véritable appui populaire. Il n’y a jamais eu de référendum ni de consultation citoyenne contraignante. Pendant ce temps, l’acceptabilité sociale devient un critère sacré — mais à géométrie variable : elle est brandie pour bloquer un projet comme le troisième lien, mais balayée du revers de la main quand vient le temps d’imposer un tramway impopulaire.
Une dissonance dans le nouveau contexte politique
Ce zèle renouvelé du palier municipal survient alors même que le climat politique au Canada semble amorcer un léger virage vers le réalisme économique. L’arrivée au pouvoir de Mark Carney, ex-banquier central, s’est accompagnée d’un discours de responsabilité économique et de développement du secteur énergétique – y compris des hydrocarbures. Sans rejeter explicitement la transition, Carney suit cette vague mondiale d’abandon des objectifs climatiques irréalistes des dernières années.
Le gouvernement Legault, de son côté, a timidement rouvert la porte aux projets dans le secteur des hydrocarbures, et évaluait récemment la possibilité de faire passer de nouveaux oléoducs sur le territoire.
Dans ce contexte, l’activisme climatique des municipalités prend l’allure d’un contre-courant idéologique, poursuivant une révolution verte à marche forcée alors que les gouvernements supérieurs appellent à une modération stratégique.
Une gouvernance à sens unique
Dans son discours au sommet, le maire […]