Les pressions communautaires sikhes compliquent la diplomatie canadienne à l’approche du G7
La rédaction
D’après un article de Dylan Robertson publié sur CTV News le 30 mai 2025.
Dylan Robertson, de La Presse Canadienne, rapporte que plusieurs organisations sikhes canadiennes exercent des pressions sur Ottawa pour qu’il n’invite pas le premier ministre indien Narendra Modi au prochain sommet du G7, qui aura lieu en juin à Kananaskis, en Alberta. Cette demande s’inscrit dans un contexte de tensions prolongées entre le Canada et l’Inde, notamment depuis l’assassinat en 2023 d’un militant sikh en Colombie-Britannique, que le gouvernement canadien soupçonne New Delhi d’avoir commandité.
Depuis 2019, Modi a été invité à chaque sommet du G7, où il a pris part aux discussions aux côtés des dirigeants des grandes démocraties libérales. Cette année, la liste complète des invités n’a toujours pas été rendue publique, bien que des sources diplomatiques aient confirmé que le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le premier ministre australien Anthony Albanese, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum ont tous été invités par le Canada.
Mais selon la Sikh Federation de Toronto et l’organisme World Sikh Organization, il serait inacceptable qu’Ottawa poursuive une politique de rapprochement avec New Delhi sans conditions. Ces groupes réclament que toute invitation à Modi soit suspendue tant que l’Inde n’aura pas pleinement coopéré aux enquêtes criminelles canadiennes liées à la mort de Hardeep Singh Nijjar et à d’autres actes violents ayant visé la communauté sikh.
Dylan Robertson explique que ces revendications s’opposent directement aux récents gestes d’ouverture entre les deux gouvernements. Le 25 mai, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, a eu une « discussion productive » avec son homologue indien, centrée sur le renforcement des liens économiques et des priorités communes. Pourtant, ces démarches sont perçues par les militants sikhs comme une trahison des principes de justice et des droits de la personne.
Le Canada avait pourtant désigné l’Inde comme un partenaire stratégique dans sa stratégie indo-pacifique dévoilée en 2022. Mais cette posture a été chamboulée par l’assassinat de Nijjar et l’accusation publique, en septembre 2023, selon laquelle des agents indiens seraient liés à sa mort. La GRC a depuis déclaré détenir des preuves de l’implication de New Delhi dans une série d’attaques contre des Canadiens d’origine sikhe.
L’Inde, de son côté, accuse le Canada de tolérer les activités du mouvement séparatiste khalistanais, qu’elle considère comme une menace à son intégrité territoriale. Ottawa réplique qu’il défend la liberté d’expression, dans la mesure où celle-ci n’encourage pas la violence.
La question dépasse désormais le simple cadre bilatéral. Le nouveau premier ministre Mark Carney a affirmé, durant la dernière campagne électorale, qu’il souhaitait relancer les échanges commerciaux avec l’Inde, à condition que les deux pays puissent reconstruire leur relation sur la base du respect mutuel. Carney semble vouloir préserver un [...]