Le ministre de la Sécurité publique du Canada lié aux Tigres tamouls? Une récusation qui soulève de graves questions
La rédaction
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Gary Anandasangaree, a annoncé s’être récusé de tout dossier concernant deux groupes reconnus comme organisations terroristes par le gouvernement du Canada : les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) et le Mouvement mondial tamoul (WTM). Ce retrait, rapporté en primeur par Stewart Bell et Mercedes Stephenson de Global News, a été officiellement motivé par une simple « abondance de prudence ». Mais au vu de la nature même des groupes visés — dont l’un, le WTM, est considéré comme la branche de financement canadienne des Tigres tamouls — on peut légitimement poser la question : le ministre de la Sécurité publique est-il en situation de conflit d’intérêts avec une organisation terroriste étrangère?
Une récusation peu expliquée, et surtout tardive
Selon le reportage de Bell et Stephenson, le bureau du ministre a d’abord affirmé avoir mis en place un « écran interne » pour éviter toute implication du ministre dans des dossiers liés à la communauté tamoule, dont il est lui-même issu. Ce n’est que lorsque Global News a demandé un document officiel de conflit d’intérêts que la déclaration formelle de récusation a été transmise, ciblant cette fois explicitement les LTTE et le WTM — deux entités listées comme organisations terroristes au Canada depuis 2006 et 2008, respectivement.
Pourquoi ce changement de formulation? Pourquoi une telle opacité, dans un domaine aussi sensible que la sécurité nationale? Le bureau du ministre n’a pas répondu aux questions de Global News sur ces points.
Des groupes lourdement associés à la violence politique
Les LTTE, appelés communément Tigres tamouls, ont mené une guerre civile brutale contre le gouvernement sri-lankais pendant plus de 25 ans, visant à établir un État tamoul indépendant. Le Canada a inscrit le groupe sur la liste des entités terroristes pour ses attaques contre des civils, ses assassinats politiques — dont celui de l’ancien premier ministre indien Rajiv Gandhi — et son recours aux attentats-suicides. Quant au World Tamil Movement, la GRC l’a directement lié aux Tigres tamouls comme source de financement par l’intimidation, l’extorsion et la sollicitation ciblée de la diaspora tamoule canadienne.
Le Canada, à ce jour, considère toujours ces deux groupes comme actifs, citant un réseau international de financement toujours opérationnel. Le ministre Anandasangaree, pour sa part, est chargé — entre autres responsabilités — de superviser la liste même sur laquelle ces groupes figurent.
Un conflit d’intérêts structurel?
Le fait que le ministre se récuse ne suffit pas à dissiper les soupçons. C’est ce qu’a exprimé l’ancien ministre conservateur Stockwell Day, qui avait lui-même inscrit les deux groupes sur la liste noire. Dans une déclaration à Global News, il affirme :
« Ce n’est pas suffisant de se récuser d’un dossier aussi fondamental. Le premier ministre doit réassigner ce ministre et nommer une personne complètement libre de toute apparence de conflit. »
La nature même du portefeuille de la Sécurité publique rend difficile, voire intenable, une récusation aussi ciblée. Peut-on concevoir un ministre de la Défense qui s’abstiendrait de tout dossier relatif à une armée étrangère hostile pour des raisons personnelles? Ou un ministre des Finances qui se récuserait de certaines politiques budgétaires parce qu’il a des liens familiaux avec une entreprise concernée?
Antécédents et militantisme
Gary Anandasangaree est arrivé au Canada en […]