Grève du RTC pendant le Festival d’été de Québec : une autre prise d’otage cynique de la population par les syndicats
Texte de Philippe Sauro Cinq-Mars
Alors que la capitale s’apprête à vivre le coup d’envoi du 57ᵉ Festival d’été de Québec (FEQ), le syndicat des employés d’entretien du Réseau de transport de la Capitale (RTC) confirme sa volonté de déclencher une grève à compter de ce vendredi, en pleine période d’achalandage. Cette annonce jette une ombre sur l’un des plus importants événements culturels au Québec, qui accueille chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Les citoyens, les commerçants et les organisateurs du festival font face à un sabotage prévisible : une prise d’otage du bon déroulement de la vie publique par un syndicat qui agit une fois de plus comme s’il détenait les clés de la ville.
Un levier de négociation cynique
Selon les informations rapportées par Jonathan Lavoie et William Gagnon pour Radio-Canada, ainsi que par l’Agence QMI, les négociations entre le RTC et ses employés d’entretien, qui sont sans convention collective depuis septembre 2024, ont peu progressé malgré des pourparlers engagés depuis octobre. Le syndicat – affilié à la CSN – entend donc utiliser la plus grosse période touristique de l’année comme levier de pression maximal, quitte à paralyser la ville. Le 19 juin, il avait déjà déposé un avis de grève de dix jours, ciblant explicitement la tenue du FEQ, comme le confirmait alors Frédéric Brun, président de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).
Cette stratégie n’a rien d’innocent : on connaît l’importance capitale du RTC pour assurer la fluidité des foules pendant le festival. Avec une moyenne de 300 000 festivaliers transportés en autobus lors des éditions précédentes, selon Radio-Canada, l’efficacité du service est essentielle pour éviter la congestion et les débordements. Même les années où la grève a été évitée à la dernière minute, comme en 2023, la menace seule suffisait à faire planer un désordre inquiétant. Cette année, si la grève se concrétise, ce sont 15 % de la clientèle du FEQ qui devront trouver une solution alternative pour se rendre sur les plaines.
Un schéma syndical devenu banal
La situation s’inscrit dans une séquence tristement connue : depuis 2023, le Québec concentre plus de 91 % des grèves au Canada, selon une étude de Gabriel Giguère pour l’Institut économique de Montréal (IEDM). Ce dernier dénonce une véritable « épidémie » d’arrêts de travail, en particulier dans les services publics, où les citoyens deviennent les premiers otages. Le cas du RTC n’échappe pas à cette tendance : une poignée d’acteurs corporatistes peut désormais, sans trop d’obstacles, désorganiser une ville entière en bloquant un service de base, au moment où la pression est la plus forte.
Le ministre Jean Boulet lui-même, dans un segment relayé par QUB Radio, exprimait récemment son exaspération face au nombre trop élevé de conflits de travail au Québec, appelant à un retour au dialogue responsable. À Québec, les conséquences se font déjà sentir. La Société des traversiers du Québec menace également d’une grève pour la même période, compromettant la traverse Québec–Lévis, autre artère importante pour l’accès aux festivités. L’administration Marchand et les organisateurs du FEQ se retrouvent donc devant une double menace de paralysie.
Des solutions de fortune pour une crise évitable
Face à cette situation, les autorités tentent de proposer des solutions alternatives : vélo, marche, covoiturage, taxis, voire Flexibus et […]