On peut haïr Donald Trump. On peut se moquer de lui. On peut aussi le craindre. Mais ce que l’on ne peut pas faire, c’est l’ignorer.
Depuis presque dix ans, Trump ne cesse de provoquer les passions, d’un côté comme de l’autre. Il est devenu bien plus qu’un simple politicien : une figure totémique, une obsession planétaire, un symbole qui dépasse son propre destin. Ce qui choque, ce n’est pas tant l’homme — imparfait, bouffi d’orgueil, colérique, parfois incohérent — mais l’image qu’il renvoie, et ce qu’elle dit de nous.
Car en réalité, Donald Trump agit comme un miroir. Il reflète à la fois les élans de révolte populaires et la panique des élites. Il incarne le refus des règles imposées par le politiquement correct, mais aussi les travers d’un populisme qui finit parfois par se mordre la queue. Et à force de faire de lui une caricature, ses adversaires ne se rendent même plus compte qu’ils reproduisent les excès qu’ils prétendent dénoncer.
Une bien-pensance révélée par l’excès inverse
La haine viscérale de Trump dans les médias occidentaux, surtout en Europe et au Canada, est moins une réaction à ses politiques qu’un réflexe pavlovien. Il est devenu la figure repoussoir idéale de toute une caste qui se prétend vertueuse. C’est pratique : en le diabolisant, on évite de regarder nos propres échecs. On peut se vautrer dans un confort moral à bon marché, pointer le doigt vers l’Amérique « réactionnaire », pendant qu’on détourne les yeux de nos [...]