Le président américain Donald Trump doit inaugurer ce mardi un tout nouveau centre de détention pour migrants en plein cœur des Everglades, à environ 70 kilomètres à l’ouest de Miami. Décrit par ses partisans comme un symbole de fermeté et par ses détracteurs comme une dérive autoritaire, le site surnommé « Alligator Alcatraz » est rapidement devenu l’emblème de la nouvelle stratégie carcérale du gouvernement américain pour répondre à l’immigration illégale.
Dans un reportage publié le 30 juin 2025, Kate Payne, journaliste pour The Associated Press, rapporte les détails troublants de ce projet mené tambour battant par les autorités de Floride, avec l’appui actif du gouvernement fédéral.
Une prison de fortune en pleine jungle
Érigé en quelques jours sur une ancienne piste d’atterrissage en territoire marécageux, le centre est constitué de tentes, de bâtiments temporaires et de roulottes, encerclé par des zones infestées de moustiques, de serpents et d’alligators. Le surnom « Alligator Alcatraz », revendiqué par les officiels de l’État, entend rappeler à la fois l’austérité du lieu et son caractère inhospitalier. « Il n’y a vraiment nulle part où aller », a déclaré le procureur général de Floride, James Uthmeier, au commentateur Benny Johnson. « Une fois que vous êtes détenu ici, il n’y a aucune issue. »
Avec une capacité prévue de 5 000 détenus et un coût d’exploitation de 450 millions de dollars par an, le site s’inscrit dans un effort plus large de massification des détentions de migrants. Le mois dernier, plus de 56 000 personnes étaient détenues aux États-Unis en lien avec leur statut migratoire, un sommet depuis 2019.
Une infrastructure érigée au nom de l’urgence
Ce centre a été mis en chantier en vertu de pouvoirs d’urgence conférés par un ancien décret de l’administration Biden, que le gouverneur Ron DeSantis a su instrumentaliser pour court-circuiter les lois et les consultations publiques. Les autorités locales et les représentants autochtones, notamment de la nation Miccosukee, s’opposent fermement à la construction sur ces terres sacrées, qui abritent villages traditionnels, cimetières et sites cérémoniels.
Malgré cela, des camions-bennes ont continué à affluer sur le site, escortés par une forte présence policière. Des centaines de manifestants, écologistes, défenseurs des droits des migrants et représentants autochtones ont bloqué les routes environnantes en fin de semaine, tandis que des groupes comme le Center for Biological Diversity et les Friends of the Everglades ont intenté une poursuite judiciaire pour faire stopper les travaux.
Un modèle de dissuasion revendiqué
Du côté de Washington, la secrétaire à la Sécurité intérieure Krisi Noem a salué ce « partenariat innovant » entre son agence et la Floride, affirmant que l’objectif de la Maison-Blanche est désormais de doubler la capacité de détention migratoire pour atteindre les 100 000 lits. Une loi budgétaire récemment adoptée par la Chambre des représentants prévoit 45 milliards de dollars sur quatre ans pour soutenir cette infrastructure.
L’ensemble s’inscrit dans le retour en force du programme 287(g), qui permet aux forces de l’ordre locales d’interpeller et de détenir des migrants pour les remettre à l’agence ICE. En Floride seulement, plus de 280 accords ont été signés dans les 67 comtés, faisant de l’État le fer de lance de la nouvelle politique migratoire nationale.
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